Abstract: | Notre propos est d’analyser la manière dont l’autobiographe Michel Leiris, grand amateur d’art, entend valoriser le visuel dans ses Ă©crits personnels. S’employant maintes fois à mettre en Ă©vidence les similitudes et les diffĂ©rences entre l’image et le mot, l’Ă©crivain trouve dans la peinture cubiste une source d’inspiration, une esthĂ©tique nouvelle fondĂ©e sur le goût du concret, sur la fragmentation du rĂ©el et sur la recherche du mystère dans les dĂ©tails insignifiants du quotidien. Leiris se laisse sĂ©duire par la coexistence de l’Ă©crit et du pictural, prĂ©sente dans les livres modèles, comme Le Nouveau Larousse IllustrĂ© - vĂ©ritable speculum encyclopĂ©dique qui facilite l’appropriation d’un savoir collectif Ă©lĂ©mentaire à travers les images. L’auteur n’est pas fascinĂ© par la valeur artistique des images Ă©voquĂ©es, mais plutĂ´t par leur pouvoir de dĂ©clencher des sentiments très forts et par leur facultĂ© de rester encore vivantes dans sa mĂ©moire. La valorisation du visuel dans l’autobiographie leirisienne n’est pas sans liaison avec la nature particulière de ce type d’Ă©criture qui privilĂ©gie le regard sur soi. L’exercice d’auto-connaissance et d’auto-reprĂ©sentation est commun à l’autoportraitiste et à l’autobiographe, lesquels, pour mieux se voir et mieux se peindre, doivent se muer en spectateurs d’eux-mêmes, entrer dans un jeu de l’Ă©cart et du rapprochement. |
