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TOUS LES ENFERS NE SONT PAS PAREILS. RÉÉCRITURES (POST)MODERNES D’UN MYTHE À L’ANCIENNE


NICOLETA POPA BLANARIU
UNIVERSITÉ « VASILE ALECSANDRI » DE BACǎU

Issue:

INTERSTUDIA, Number 5

Section:

LA LITT

Abstract:

On propose une approche comparative, situĂ©e au croisement de l’antropologie de l’imaginaire et de l’Ă©tude comparĂ©e des textes littĂ©raires. On s’intĂ©resse à quelques Ă©chos littĂ©raires du motif descensus ad Inferos et, liĂ© à celui-ci, du motif du rameau d’or, dans un corpus d’oeuvres ci-dessous prĂ©cisĂ©es. Ce sont deux motifs – mythiques et initiatiques tout d’abord – de très ancienne origine dans l’imaginaire europĂ©en. Il y en a aussi des expressions pareilles dans d’autres cultures du monde, notamment celles du Proche Orient ancien.

Quant aux rĂ©miniscences de ces deux motifs entrelacĂ©s dans l’imaginaire littĂ©raire (post)moderne, on envisage tout d’abord deux romans qui, de deux points de vue (semblables sans pour autant se confondre) envisagent les rapports de l’individu avec l’histoire, d’une part, et de l’histoire avec la fiction et le mythe, d’autre part. Il s’agit de la Montagne magique (1924) de Thomas Mann et de Creanga de aur [Le Rameau d’or] (1933) de l’Ă©crivain roumain Mikhaïl Sadoveanu. Entre ces deux romans on peut voir un type à part de relation intertextuelle, plus prĂ©cisĂ©ment ce que Francis Claudon et Karen Haddad-Wotling veulent dire par l’« intertextualitĂ© triangulaire ». C’est l’ÉnĂ©ide de Virgile qui, comme tiers terme – ajoutĂ© à ces deux premiers –, y peut servir d’illustration. Une telle relation triadique, Ă©tablie entre les oeuvres qu’on vient de citer, repose principalement sur les deux motifs du rameau d’or et de la descente aux Enfers.

On renvoie aussi à Briefing for a Descent into Hell [Une descente aux Enfers] (1971) de Doris Lessing; l’enfer de la maladie psychique y dĂ©bouche sur une sorte de mal du siècle contemporain, et pousse le hĂ©ros à se livrer à une quête quasi-mythique d’un (substitut de) rameau d’or. Au bout de cette Ă©preuve – soumise, dans le roman, à une double lecture, en termes de la psychiatrie et d’une mythologie initiatique aussi – nous attend un hĂ©ros qui fait figure de sage et de nĂ©ophyte. On pense que sous son aspect essentiel, ce roman est une remise en cause des philosophies de l’immanence (de Nietzsche à Freud et à Marx) qui ont tellement marquĂ© la (post)modernitĂ©.

Le MaĂ®tre de Mikhaïl Afanassievitch Boulgakov (dans Le MaĂ®tre et Marguerite, 1928 – 1940, publiĂ© en 1966) traverse son enfer à lui : c’est toujours la maladie mentale, l’esprit ravagĂ© d’un malheureux à qui le leadership de Moscou a interdit la publication. Le roman est une variation du mythe de Faust. Et en quelque mesure, un renversement du motif donna angelicata du Dolce stil nuovo, Dante y compris. Le roman de Boulgakov est imprĂ©gnĂ© – tout comme son modèle mythique, empruntĂ© à Goethe – d’une vision dualiste, voire gnostique. D’autre part, l’histoire du MaĂ®tre et de sa Marguerite reprend un grand thème dantesque: pas de rameau d’or chez Boulgakov; en tout cas, il n’y en a pas tel quel; pourtant, comme chez Dante, il y a un amour qui, par le rĂ´le salutaire attribuĂ© à la femme, nous rappelle la tradition moyenâgeuse des Fedeli d’Amore (et son Ă©ventuel rapport à la mistique arabe). Tandis que chez Boulgakov, dans une fable essentiellement dualiste, c’est le Diable lui-même qui donne – en Deus ex machina – son petit coup de pouce au salut du hĂ©ros.

Tous ces textes s’organisent autour du grand thème initiatique du salut : s’en sortir de l’enfer du monde et de la souffrance. En fin de compte, c’est le fondement sotĂ©riologique de plusieurs religions.

Keywords:

mythe, intertextualitĂ©, descente aux Enfers («, descensus ad Inferos», ), dualisme, gnosticisme.

Code [ID]:

INTERS200905V00S01A0007 [0002924]


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