Quick search
Go!

DRAME ET DROMENON. UNE (ANTI)POÉTIQUE: LES NOUVELLES DE MIRCEA ELIADE


NICOLETA POPA BLANARIU
Université «Vasile Alecsandri» de Bacău

Issue:

INTERSTUDIA, Number 7

Section:

IDENTITES LITTERAIRES EN CONSTRUCTION

Abstract:

Il arrive – Ă  la postĂ©ritĂ© de Nietzsche aussi – que homo religiosus cohabite encore avec homo aestheticus. La nostalgie d’un « thĂ©Ăątre vif » qui anime Artaud rencontre le sacrĂ©/ « Dieu vif »/ arrēton, l’ « inexprimable” de Rudolf Otto: le « thĂ©Ăątre vif » de l’un et « Dieu vif » de l’autre sont (Ă  mĂȘme de dĂ©chaĂźner) de terribles forces, impossible Ă  rĂ©duire Ă  des concepts rationnels. C’est le propre du numinos de Otto. Pour Artaud, le vrai thĂ©Ăątre « invite l’esprit Ă  un dĂ©lire qui exalte ses Ă©nergies ». Pour lui, le thĂ©Ăątre manifeste son sens – relevant essentiellement de son efficace – seulement si les spectateurs y « sont agis » : la raison d’ĂȘtre du thĂ©Ăątre n’est pas ce qu’il « dit » aux spectateurs, mais trĂšs prĂ©cisĂ©ment, sa puissance d’agir sur eux. Ce qui rappelle aussi la description des MystĂšres d’Eleusis qu’on doit Ă  Aristote.

De ce point de vue, il s’avĂšre tout Ă  fait pertinente la nouvelle « fantastique » de Mircea Eliade. La thĂšse bien connue du « sacrĂ© camouflĂ© dans le profane », y Ă©pouse subrepticement le principe-clĂ© d’un « nouveau » thĂ©Ăątre, Ă  l’instar d’Antonin Artaud, tout comme de ses confrĂšres et disciples: l’un qui ranime la force « pragmatique » des anciens rites. La mimĂ©sis d’Aristote – et la place Ă  part qu’elle donne Ă  la « fable » – y est implicitement remise en cause. La « poĂ©tique » de Mircea Eliade est plutĂŽt platonicienne: le thĂ©Ăątre doit s’affranchir de son caractĂšre essentiellement extĂ©rieur, imitatif, que prĂŽne la PoĂ©tique du Stagirite, et qui se dĂ©robe Ă  l’IdĂ©e ou Ă  l’archĂ©type au sens de Platon.

La « littĂ©rature fantastique » de Mircea Eliade, tel qu’il remarque lui-mĂȘme, s’éloigne considĂ©rablement du romantisme allemand, d’Edgar Allan Poe ou de J.L. Borges. La prose fantastique de Mircea Eliade reste – tel qu’il dit – profondĂ©ment « solidaire» de sa «conception sur la pensĂ©e mystique et sur les univers imaginaires qu’elle crĂ©e», tout Ă  fait Ă  part par une certaine expĂ©rience du temps et de l’espace qu’elle nous rend.

À travers quelques nouvelles – prĂ©cisĂ©ment Dix-neuf roses, Dans la cour de Dionis, Incognito Ă  Buchenwald, Uniformes de gĂ©nĂ©ral –, on envisage deux aspects notamment:

1. tout d’abord, la poĂ©tique thĂ©Ăątrale – plus ou moins implicite – dont ces nouvelles rendent compte;

2. deuxiĂšmement, les rĂ©miniscences d’une mythologie gnostique, dont elles gardent les traces.

Keywords:

poétique, théùtre, rituel, imaginaire gnostique, Artaud, Eliade.

Code [ID]:

INTERS201007V00S02A0011 [0003083]


Copyright (c) 1995-2007 University of Bacău