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GEROGES BATAILLES, ANDRÉ BRETON : DE LA « GRENOUILLE » ET DU «BŒUF » SURRÉALISTE EN 1925


FREDERIC ARIBIT
ECOLE J. MANUEL, PARIS

Issue:

INTERSTUDIA, Number 2

Section:

No. 2 (2008)

Abstract:

Lorsque, en 1925, Michel Leiris prĂ©sente Georges Bataille à AndrĂ© Breton, il est probablement loin de penser que cette rencontre, qui inaugure, mais bien mal, un dĂ©bat qui ne s’arrêtera plus entre eux deux, jusqu’à prendre les formes les plus violentes et les plus passionnelles qu’on lui connaĂ®tra quelques annĂ©es plus tard, n’a cependant aucune chance d’aboutir dans l’immĂ©diat. La notoriĂ©tĂ© tapageuse de Breton, son Ă©clat solaire, son omniprĂ©sence sur la scène intellectuelle et artistique au lendemain du Manifeste, la dynamique collective enfin dont il est le moteur, et qui a sĂ©duit Leiris lui-même, Ă©touffent Bataille, enfoncĂ© dans une solitude maladive à la fois dĂ©sirĂ©e et subie, que ne compensent ni l’amitiĂ© (celle de Leiris), ni l’alcool, ni la dĂ©bauche. C’est pourtant dans le dĂ©chirement d’un tel refus que Bataille, indĂ©niablement, trouve sa propre voix/e, identitaire, intellectuelle, mais aussi littĂ©raire.

Pour tenter de comprendre ce qui s’est pleinement jouĂ© dans cette rencontre manquĂ©e, dĂ©cisive à plus d’un titre dans la configuration gĂ©nĂ©rale du surrĂ©alisme et dans son histoire, rencontre douloureusement travaillĂ©e par une dialectique de l’altĂ©ritĂ©, il faut commencer par rĂ©inscrire celle-ci dans les conditions de dĂ©sĂ©quilibre profond dans laquelle elle eut lieu, et rĂ©interroger, pièces en mains, le rĂ´le jouĂ© par Michel Leiris, rĂ´le assurĂ©ment moins lisible qu’on a dit. Rien ne dispose, favorablement ou pas, à la rencontre d’un auteur que les Ă©crits qu’on aura pu lire de lui. Or si Bataille n’a encore rien publiĂ© ou presque, tel n’est pas le cas de Breton. C’est ainsi qu’on s’intĂ©ressera en un deuxième temps à ces lectures « propĂ©deutiques », aux conceptions divergentes qu’elles font affleurer d’emblĂ©e (l’automatisme, le rapport à la folie…) et à leur caractère dĂ©terminant dans cet Ă©chec. Enfin, la fable de la grenouille et du bœuf se rĂ©vĂ©lera dans l’intertexte comme une Ă©trange allĂ©gorie de cette dialectique en jeu, et l’on verra comment la « volontĂ© de puissance », impĂ©ratif nietzschĂ©en chez Bataille, le lance dans une « communication paradoxale » avec Breton, auquel une ressemblance assumĂ©e voire dĂ©sirĂ©e le lie, jusqu’à l’obliger à la surenchère.

Keywords:

surréalisme, intertexte, rencontre, communication paradoxale, éloignement.

Code [ID]:

INTERS200802V00S01A0018 [0002832]


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