Abstract: | PhilĂ©mon et Baucis, Ă©pisode attendrissant des MĂ©tamorphoses d’Ovide, fait rêver. Ces deux personnages mythologiques perçoivent le temps à travers l’amour. Ils savent Ă©pargner cette peine, cette angoisse, cette fatalitĂ© : comment être heureux jusqu’au bout, quand le corps nous trahit? Comment changer la couleur du bonheur, de sorte qu’elle soit encore perceptible par nos yeux fatiguĂ©s?
Romain Gary, auteur français du XX-ème siècle, dont le roman – Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable – est le corpus de mon Ă©tude, analyse avec luciditĂ©, humour et ironie extrême, la danse hĂ©sitante de l’amour avec l’âge. Lorsque la diffĂ©rence d’âge entre les deux partenaires impose la reconsidĂ©ration du statut de chacun au sein du couple, le sentiment amoureux n’est plus respiration, mais effort. Les pertes identitaires sont imperceptibles, quotidiennes et irrĂ©versibles.
Je voudrais surprendre, dans l’analyse qui suit, la dynamique d’un phĂ©nomène restĂ© tabou longtemps: l’amour « vespĂ©ral » d’un homme qui assiste, parfois impuissant, à la diminution des forces corporelles, imposĂ©e par l’âge et qui n’ose pas passer, serein, le seuil de la vieillesse. |