Abstract: | Une femme Ă©lĂ©gante, sortie d’un film noir amĂ©ricain de la grande veine hollywoodienne. Elle porte un tailleur noir, des chaussures à talon aiguille noires. Un chignon spiralĂ© enferme sa chevelure brune ou blonde…. La femme fatale prend une place particulière dans l’art contemporain grâce aux mĂ©dias vidĂ©ographiques et performatifs. La performance est un genre artistique depuis les annĂ©es 60 qui prend le corps comme support d’expĂ©riences. La rĂ©volution essentielle de ce genre est de ne plus distinguer reprĂ©sentation et prĂ©sence. Ces performances sont produites en direct devant le public, les traces sont conservĂ©es grâce à la vidĂ©o et au film quand les artistes le souhaitent. Nous sommes surpris par la prĂ©sence rĂ©pĂ©titive de la femme fatale dans certaines œuvres contemporaines. Du cinĂ©ma, la femme fatale conserve « le triomphe spectral et fantasmatique de la dĂ©finition classique » du genre, cette « aura spectrale » menaçante persistant à partir du fantasme masculin. Nous pouvons retrouver dans l’utilisation de la femme fatale dans l’art contemporain certaines caractĂ©ristiques de la sape de l’incarnation de cette domination masculine que l’on repère dans les films nĂ©o-noirs contemporains, mais Ă©galement des dĂ©placements vers d’autres paradoxes plus subtils, semble-t-il, autour d’un corps que l’on pourrait qualifier de « corps-pellicule » dans certaines œuvres: la femme fatale se prĂ©sente comme neutralisĂ©e dans le double strip-tease de la performance de Ninar Esber, vidĂ©e par sa mĂ©moire dans l’œuvre de la vidĂ©aste Salla Tykkä, ou « recyclĂ©e » par Brice Dellsperger grâce aux travestissements de Jean-Luc Verna… Si ces artistes que nous observerons, accomplissent l’image fantasmatique pour la subvertir, la transgresser, le sujet devient autant « flottant », dĂ©rangĂ© par des bizarreries qui permettent à d’autres lignes souterraines d’Ă©merger: sous la surface insondable de la figure fictionnelle de la femme fatale se rĂ©alise l’examen politique, esthĂ©tique et psychologique d’une Ă©poque. « Je est une autre ». |