Abstract: | Notre Ă©tude met en lumière quelques pistes de l’esthĂ©tique perecquienne fondĂ©e sur la force crĂ©atrice du jeu, du puzzle, de l’agencement et de la contrainte de toute espèce qui ne fait que dĂ©boucher sur la libĂ©ration du mot. Le langage se dĂ©robe et se dĂ©pouille pour se vouer à des associations singulières et à des accumulations qui remontent à un encyclopĂ©disme Ă©blouissant dont Georges Perec est l’artisan et le forgeur. Nous allons souligner aussi le rapport contrainte-libertĂ©-Ă©rudition chez Georges Perec et les jeux de son Ă©criture qui portent sur la nature et l’usage de cette « Ă©trange parole rĂ©servĂ©e (tout à la fois offerte et retenue, donnĂ©e et refusĂ©e) qu’est la littĂ©rature », selon la formule de GĂ©rard Genette. On fera aussi la recherche de quelques exemples d’intertextualitĂ©, envisagĂ©e elle aussi comme jeu, dont la prĂ©sence et le rĂ´le dans l’esthĂ©tique perecquienne sont fondamentaux. Nous allons dĂ©ployer une typologie de l’intertextualitĂ© dans l’œuvre de Georges Perec sous contrainte et faire l’examen de quelques emplois. Nous clĂ´turons sur une citation de ValĂ©ry qui affirme le « possible-à-chaque-instant » qu’est la poĂ©sie, affirmation qui traduit au fond le programme littĂ©raire d’une certaine littĂ©rature (post)moderne, pratiquĂ©e par Perec entre autres et que notre Ă©tude tente de mettre en Ă©vidence. Raymond Queneau, à son tour, provoque lui aussi, par une Ă©criture sous diverses contraintes qu’il se propose de franchir pour libĂ©rer le langage de toute convention. Dans Exercices du style, il s’impose donc des règles pour explorer les potentialitĂ©s de la langue et pour inventer de nouvelles structures exploitĂ©es aussi dans les sĂ©ances de crĂ©ation de l’OuLiPo, ce fameux Ouvroir de littĂ©rature potentielle. Notre Ă©tude est donc centrĂ©e sur ces deux Ă©crivains français du XXème siècle et sur leur Ă©criture où « tout est question du langage », pour reprendre la formule de Georges Perec. |