Abstract: | Dans ses écrits autoréférentiels, Michel Leiris tente souvent de se former une image plus nette de soi par le contact avec l’altérité féminine. La figure de la femme suscite depuis toujours l’adoration et le mépris, la séduction et la crainte. Symbole ambivalent de la fécondité et de la mort, la femme imaginaire a été au cours du temps divinisée ou détestée, et c’est toujours avec terreur et fascination que Leiris la regarde, dans sa recherche acharnée de retrouver son moi en se reflétant dans le miroir que représente l’être d’à côté, sans lequel il n’existerait pas de conscience de l’identité. Notre propos est ici d’étudier les diverses métamorphoses subies par la féminité dans l’autobiographie leirisienne, depuis la douce et chaste Lucrèce jusqu’à la belle et dangereuse Judith. Bien que l’amour se déploie entre l’attraction et la crainte, entre l’effroi et la pitié, entre la vie et la mort, il reste, aux yeux de l’écrivain, une possibilité d’accéder au sacré, une forme totale de communication. |