Abstract: | La dĂ©couverte de l’œuvre autobiographique d’Eva Figes confronte le lecteur aux notions corrĂ©lĂ©es d’exil et d’altĂ©ritĂ©. L’exil est en effet l’expĂ©rience traumatique que l’auteur, d’origine allemande et juive, dut subir à l’âge de sept ans, contrainte de quitter Berlin avec ses parents afin d’Ă©chapper aux consĂ©quences funestes de la montĂ©e du Nazisme. Son nĂ©cessaire abandon de la langue allemande au profit de l’anglais, acte tout à la fois d’intĂ©gration et d’aliĂ©nation, rĂ©sonne tout au long de son œuvre de fiction à travers l’Ă©trangetĂ© constitutive des personnages, tous vouĂ©s à une interminable errance identitaire dans un monde dont le dĂ©chiffrement par le langage est des plus balbutiants et incertains. L’Ă©criture autobiographique, qui nous prĂ©occupe ici, constitue quant à elle une tentative d’exhumation et d’exploration par le langage d’un moi atrophiĂ©, figure ultime de l’autre en soi, dont la narratrice cherche à rĂ©-investir peu à peu le territoire, Ă©tape cruciale de sa construction identitaire. |